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Une mine pour l'emploi

Newsletter 05 mars 2021

ÉDITO

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Une mine pour l'emploi.

Les minéraux pour l’industrie recrutent, avec des arguments pour séduire : du potentiel des métiers de la recherche, aux nouvelles perspectives de carrière offertes aux femmes.

Le point de bascule se manifeste en général lors de la première visite sur site. En pleine nature, dans des panoramas souvent grandioses, le futur salarié prend soudain conscience qu’il embarque pour une expérience professionnelle hors du commun. Lorsqu’il découvre en même temps que le produit de son travail sera précieux à la collectivité, parce qu’il est utilisé aux quatre coins de l’économie et dans des applications essentielles de la vie quotidienne, comme la santé , sa conviction se raffermit : faire carrière dans les minéraux industriels présente bien des attraits.


Croissance régulière

Cela tombe bien, car le secteur embauche, « et des compétences de tous niveaux » ajoute une dirigeante de société, qui fait état d’une croissance du recrutement dans son entreprise, de 3 à 4% par an, au cours des cinq dernières années. Les compétences techniques, en particulier, au niveau bac professionnel ou BTS, sont particulièrement appréciées. Les formations de base, comme celle de conducteur d’engin, une fonction très recherchée, restent une voie d’entrée dans le métier, avec possibilité d’évolution.

« L’industrie pourrait même avoir à affronter une pénurie de savoir faire »

Aux niveaux de la coordination et de l’encadrement, les géologues avec compétences d’exploitation sont les plus demandés. L’industrie pourrait même avoir à affronter une pénurie de savoir faire si, comme c’est probable, l’exploitation souterraine, stimulée par le souci de limiter les impacts sur l’environnement, redémarre. Car cette spécialité n’est plus enseignée en France et il faut désormais aller en Autriche, en Allemagne ou au Royaume-Uni pour l’acquérir.


Recherche d'équilibre

Autre tendance favorable : le secteur tend à reprendre de la valeur aux yeux des collectivités, en tant qu’élément précieux de développement d’un territoire. Dans ce paysage plutôt souriant, nous avons voulu approfondir trois arguments qui font des minéraux pour l’industrie une véritable  « mine » pour l’emploi : le sens, la féminisation en cours, et le potentiel de nouveaux emplois offert par la recherche. Retrouvez aussi, dans notre revue de presse, les tweets et  articles consacrés aux sujets qui nous intéressent de près.

« Le secteur tend à reprendre de la valeur aux yeux des collectivités, en tant qu’élément précieux de développement d’un territoire. »

Du sens et des valeurs

C’est l’idée : notre enquête montre que le travail en carrière alimente un fort esprit de groupe, une fierté d’appartenance, et un sentiment d’utilité collective. Celui-ci s’est d’ailleurs renforcé dans la période récente, lorsqu’est apparu le caractère vital de certains minéraux, utilisés pour la fabrication des matériels de protection sanitaire.


Une place pour les femmes

Le secteur ne devrait-il pas faire beaucoup plus de place aux femmes dans les années qui viennent ? C’est la question à laquelle nous avons cherché à répondre, et MI-F lance une grande enquête sur le sujet. La réponse est plutôt positive, et pas seulement parce que la parité est dans l’air du temps. Le recrutement connaît des tensions et l’industrie a tout intérêt à élargir au maximum son horizon en la matière. Tous les niveaux de qualification sont concernés, du management aux fonctions techniques.


Du potentiel dans la recherche

Face à la concurrence redoutable de grands pays comme la Chine, la différence se fait sur l’innovation dans les applications proposées. D’où l’importance croissante de la recherche et développement pour les minéraux industriels. C’est le paradoxe -pour une activité aussi ancienne - que nous avons voulu décortiquer. Le potentiel de la R&D est confirmé et les fortes attentes en matière de développement durable ouvrent même tout un nouveau champ d’exploration du cycle de vie des produits, pour  améliorer leur contribution aux enjeux environnementaux.

 

L'IDÉE

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Une carrière qui fait sens

Le sentiment d’utilité et la fierté d’appartenance alimentent la raison d’être du métier.

« Entrer dans la carrière, écrivait Jules Vallès, cela veut dire s’avancer dans le chemin de la vie ». Carrière pour métier, entendait évidemment l’écrivain, mais l’industrie des minéraux peut  bien se réapproprier cette formule sur le sens du professionnel, avec un petit jeu de mots au passage. Où vais-je, et  quelle est mon utilité ? « En carrière, on ne se pose pas la question, tranche un dirigeant d’entreprise,  car la réponse est sous nos yeux, sous la forme des mètres cubes de roches extraits quotidiennement et nécessaires au fonctionnement de pans entiers de nos économies, de la santé au bâtiment. »

« Tous dans le même bateau ! Pour les marins c’est évident. Ceux qui ont connu le travail en carrière peuvent en dire autant »

Il existe, du coup, dans le secteur, un solide esprit de groupe. Tous dans le même bateau ! Pour les marins c’est évident,  et les sous mariniers témoignent qu’une fois en immersion, chacun se sent à la fois utile au collectif et en même temps dépendant de tous les autres. Ceux qui ont connu le travail en carrière peuvent en dire autant.  Le groupe est soudé par l’objectif commun qui est de remplir les bennes, les remorques et les wagons à  la minute : « Les trains arrivent parfois en retard mais ils partent généralement  à l’heure » poursuit notre manager.


Équipes soudées

Il y a aussi le poids des responsabilités pour souder les équipes.  Les directions témoignent de très hauts scores de fierté d’appartenance dans les sondages anonymes qu’ils réalisent périodiquement auprès de leurs salariés. En haut de l’échelle hiérarchique, et comme dans toutes les entreprises,  les managers ont charge d’âmes, mais avec une part importante de ce poids qui concerne la santé et la sécurité. Dans les fonctions techniques, l’engagement n’est pas moindre, pour le boutefeu, qui manie des explosifs, ou le conducteur d’engins, auquel on confie des machines surpuissantes et qui représentent de lourds investissements.

« l’engagement n’est pas moindre pour le boutefeu, qui manie des explosifs, ou le conducteur d’engins, auquel on confie des machines surpuissantes »

Visions longues

Le sens repose enfin sur le temps long que l’industrie partage avec l’agriculture, et donc sur la possibilité de se projeter dans l’avenir. « L’une des caractéristiques les plus attractives du secteur, c’est la nécessité de travailler sur des visions de très long terme, la décennie, parfois le siècle, commente un directeur de site, c’est tout à fait particulier à cette industrie. » Pour le producteur, une carrière et une usine mises en exploitation  sont le début d’un voyage de trente ans, renouvelable Chez ses clients, un nouveau four verrier représente une campagne de dix ans d’approvisionnement. Dans cet univers minéral ancré dans la longue durée, l’expression « faire carrière » acquiert toute sa valeur, en même temps que son double sens.

« Une carrière nouvellement mise en exploitation  est le début d’un voyage de trente ans . »

 

LE PARADOXE

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Cherche chercheur

Dans les minéraux aussi, l’avenir passe par l’innovation et donc par la recherche. Opportunités de carrière à saisir !

Une offre très demandée et difficile à substituer : c’est ce que l’on envie souvent aux services proposés par les géants du numérique comme Google et Facebook. Plus inattendu : ce profil peut aussi s’appliquer à certaines spécialités très pointues de minéraux pour l’industrie. Les fers de lance de l’économie, dans des secteurs aussi différents que la pharmacie, le ciment, ou l’industrie des batteries pour véhicules électriques se disputent ces additifs minéraux qui leur font économiser de l’argent et peuvent révolutionner leur bilan environnemental.

L’exploitation des carrières est vieille comme le monde, mais pourtant, là aussi, c’est l’innovation qui fait la différence, par exemple pour s’armer contre de redoutables concurrents comme la Chine, prompte à rivaliser sur les prix mais pas forcément sur la qualité.


Un intérêt croissant

Voilà pourquoi la recherche et développement a de très beaux jours en perspectives dans le secteur.  Le poste peut représenter 1 à 2% du chiffre d’affaires selon les entreprises et c’est un budget qui n’est pas menacé, au contraire. « Industrie cherche chercheurs » pourrait  titrer l’annonce.

Les efforts à déployer concernent d’abord les nouvelles applications, avec une forte orientation vers les attentes de développement durable. L’idée est d’élaborer des produits qui améliorent la qualité, la sécurité et les performances, en termes  d’environnement, des produits dans lesquels ils sont destinés à être incorporés : un béton qui durcit plus vite, une pièce plastique chargée en minéraux plus résistante et plus légère que son équivalent en plastique pur. Il y a aussi le champ immense de la recyclabilité à explorer, avec les minéraux non détruits pendant leur usage et qui donc pourraient davantage être réutilisés. 

« Un champ immense à explorer : la recyclabilité des minéraux non détruits pendant leur usage. »

Retour du naturel

Pour cela il faut parvenir, par la recherche, à une compréhension intime du cycle de vie des produits, de leur bilan carbone, de leur prédisposition à être réintroduits dans la chaine industrielle.

La grande opportunité qui stimule cette recherche pourrait se définir comme « le retour du naturel », ou comment les minéraux peuvent se substituer avec bénéfices pour la santé et pour l’environnement aux produits de synthèse et à la chimie du pétrole. La demande est tirée par le marché dans les secteurs comme la cosmétique, directement en contact avec le consommateur. Il faut au contraire aller la stimuler dans les industries plus éloignées de l’utilisateur final, pour convaincre par exemple de remplacer  par des minéraux le floculant chimique utilisés dans une unité de filtration.

« Les ingénieurs qui auront su ajouter à leur arc de savoirs une capacité à intégrer les enjeux environnementaux ont les meilleures garanties d’être très courtisés. »

Là encore, on aura besoin de recherche et donc de chercheurs. Les ingénieurs et docteurs qui auront su ajouter à leur arc de savoirs une capacité à intégrer les enjeux environnementaux ont les meilleures garanties d’être très courtisés et de voir s’ouvrir à eux de belles opportunités de carrière.

 

LA QUESTION

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Où sont les femmes ?

L’industrie a besoin de se féminiser
et 
c’est une opportunité pour les femmes.

A quelques exceptions près, les entreprises du secteur des minéraux industriels restent des clubs très masculins. A tel point que MI-F a décidé de lancer une grande enquête sur le sujet, avec l’objectif de déterminer l’index professionnel de la filière.

En attendant, où sont les femmes ? « On en manque tant aux niveaux techniques que dans les fonctions de supervision des sites ou dans le haut management » regrette l’une d’entre elles. Il y a des exceptions, et les grandes entreprises du secteur affirment développer une politique active en la matière. Un acteur de premier plan annonce vouloir passer de 22  à 30 % de représentation féminine au sein du management, entre 2018 et 2021.


Un risque de décalage

Les enjeux sont élevés : l’industrie des minéraux  devrait affronter, comme d’autres,  de sérieuses tensions sur le recrutement, à tous les niveaux de qualification, dans les années à venir. Les entreprises qui auront su créer une ouverture vers les femmes peuvent acquérir un véritable avantage concurrentiel. Celles-ci représentent désormais deux diplômés sur trois et la moitié des effectifs de formation de géologues, contre 20% il y a vingt cinq ans.  Rester entre hommes signifie de se limiter à recruter dans un réservoir qui ne contient qu’une partie des talents.

« Les entreprises qui auront su créer une ouverture vers les femmes peuvent acquérir un véritable avantage concurrentiel. »

« Il existe aussi un risque de décalage des entreprises les plus conservatrices en la matière, dans les relations avec leur univers de parties prenantes qui, elles, évoluent très vite sur le sujet, commente une responsable du secteur, cela va du monde associatif et aux administrations » et même aux investisseurs, pourrait-on ajouter, qui prennent de plus en plus en compte des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dont la parité est l’un des composants.


Le verre à moitié plein

Du point de vue des opportunités professionnelles, les femmes peuvent donc voir le verre à moitié plein : l’industrie a besoin de plus de femmes, même si les entreprises ne savent pas encore bien comment s’y prendre. « Les engins de carrière  se pilotent avec un joystick, sont climatisés et protégés du bruit et des poussières, commente un directeur de site, malgré cela nous n’avons qu’une femme conductrice d’engins dans nos équipes, et c’est un point qui nous interpelle ».

« Vous avez le profil mais nous souhaitons embaucher un homme.»

Une évolution des mentalités est sans doute encore nécessaire pour  se rendre plus attractif. Expériences vécues par un manager femme, ancienne dans la carrière, lors d’un entretien de recrutement : « vous avez le profil mais, hélas nous souhaitons embaucher un homme », ou à l’arrivée sur site, lors de la première visite : « à droite le réfectoire des cadres, à gauche celui des ouvriers et au fond du couloir la salle réservée aux femmes ». C’était il y a une trentaine d’année, et ce type d’anecdote n’a plus cours aujourd’hui, mais il reste un vieux fond culturel assurent les unes et les autres : comme dans toutes les industries traditionnelles, la place faite au femmes reste à améliorer dans le secteur des minéraux industriels, à la fois en quantité et en qualité.

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